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La ville décarbonée en Afrique à l’ère de l’économie du ciment

Le ciment constitue incontestablement un secteur clé dans le développement économique du continent africain. Il accompagne depuis plusieurs décennies l’urbanisation accélérée du continent confrontée à une importante explosion démographique.

La question de la ville décarbonée en Afrique est donc particulièrement sensible, plurielle et complexe.

La plupart des mégalopoles font face à un bâti obsolète dans de vastes quartiers informels qui doivent accueillir sans cesse des flux considérables de nouveaux habitants.

Alors que la question de la décarbonation de la ville devient un enjeu reconnu de lutte contre le réchauffement climatique, et que la question de la construction bas carbone et de la rénovation énergétique des parcs immobiliers existants constituent l’un des plus grands défis de nos prochaines décennies, j’ai été ravie de participer avec l’équipe de l’association Urbanisme en Francophonie et l’AIMF (association internationale des maires francophones) à la conception du webinar et à la réflexion sur « La transformation du domaine bâti dans les villes africaines ».

Les défis de la décarbonation des villes africaines sont nombreux dans un contexte de croissance et de pression démographique accélérée, avec un doublement de la population tous les 15 ans, alimenté de surcroît par des afflux de réfugiés. S’il existe des réponses techniques, des expérimentations et des projets pilotes, aborder la question de la ville bas carbone, c’est prendre en compte la complexité d’un système local, avec des enjeux patrimoniaux, culturels, techniques et architecturaux de préservation du bâti initial dans un contexte où les matériaux locaux et traditionnels sont très souvent peu considérés et privilégiés par la population au regard de l’image emblématique de la ville moderne et internationale « globale » faite de béton, d’acier et de verre.

C’est ce que nous révèle ce webinar intitulé « Du discours à la réalité » où nous avons pu observer dans le cadre de trois territoires distincts confrontés à un accroissement démographique sans précédent, les quelques propositions et conditions de mise en œuvre de la rénovation et de la décarbonation du bâti, en vue d’inventer une ville bas carbone adaptée aux territoires.

Quelques constats :

  • L’un des principaux défis de la décarbonation consiste à revenir aux circuits courts et à l’usage ancestral des matériaux traditionnels et de reconnaître notamment l’architecture traditionnelle et le bâti ancien. Trop souvent l’architecture ancienne est reléguée au second plan au profit des constructions internationales en béton, en verre et en acier avec des matériaux importés très couteux et très peu adaptés au contexte local.
  • Il convient donc de manière urgente de changer les mentalités et de sensibiliser rapidement les habitants et parties prenantes de la construction, aux façons traditionnelles de construire, notamment en terre, ce que fait l’Agence urbaine du grand Bamako pour animer le débat public sur la question spécifique de la part de l’habitat sur les questions de durabilité.
  • Dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest, le secteur de la construction se caractérise par un taux très élevé d’auto-construction, avec très peu de délivrances de permis de construire pour des bâtiments souvent réalisés en parpaings de ciment avec aucune notion de confort thermique, par des maçons avec un recours très faible aux architectes. La difficulté essentielle est liée aux populations qui considèrent les constructions traditionnelles réalisées en circuits courts avec des matériaux locaux, comme des modes d’habitat de l’âge ancien.
  • Un contexte d’autant plus difficile à faire évoluer que les constructions en béton dites modernes ont une valeur sociale (avec signe extérieur de réussite) tandis que le secteur de la cimenterie (dominé par des entreprises internationales) est puissant et omniprésent sur les territoires. On le constate : les freins sont encore importants notamment en raison des réseaux informels très difficiles à structurer et des mentalités à changer.

Le replay du webinaire est désormais disponible sur youtube : https://www.youtube.com/watch?v=pjMV9HtIiwQ

avec :

  • Mme Célestine KETCHA COURTÈS : Ministre de l’Habitat et du Développement urbain au Cameroun et ancienne présidente du Réseau des Femmes Élues Locales d’Afrique.
  • M Ousmane SOW : Directeur de l’agence urbaine du Grand Bamako, architect‌e-urbaniste, économiste des transports et environnementaliste.
  • Mme Ahouéfa Madiana POGNON Ingénieur Bâtiment Durable et Enseignante.

Le Blog d’Ingrid NAPPI

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